Alors que l’émotion est vive dans le pays après avoir vu la vidéo d’une professeure tenue en joug par un élève, ce sont tous les professeurs qui se sont imaginés à la place de notre collègue. Nous lui témoignons notre solidarité totale, sans aucune ambiguïté ni restriction.
Les commentaires sur « l’arme factice » sont hallucinants. Comme si nous pouvions faire la différence entre « réel » et « factice » dans une telle situation…
Nous dénonçons depuis de longues années les violences scolaires auxquelles nous devons faire face chaque jour.
Quand les services sociaux des collectivités territoriales, les services de police et de justice ne parviennent pas à remettre sur rails des jeunes, comment l’École pourrait en être épargnée ?
Depuis 15 ans, tout le monde feint de ne pas voir. Les hiérarchies minimisent les faits, parlent « d’épiphénomènes » ou « d’incidents isolés » quand nous constatons dans nos classes combien la société est fracturée de toutes parts.
Au SNETAA, depuis 3 ans, nous avons mis en place une équipe spécifique d’aide aux professeurs pour répondre immédiatement au quotidien dégradé. Nous intervenons administrativement pour accompagner les collègues, souvent seuls, dans leurs démarches et une psychologue traite l’urgence psychologique.
Au travers de ces faits, c’est toute l’École qui est agressée.
D’abord il s’agit de reconnaître la parole et le respect dû au professeur : sa parole et son vécu n’ont absolument pas à être remis en cause, minimisés ou moqués. Sur ce sujet, la hiérarchie n’est toujours pas au niveau.
Ensuite, les règles doivent être respectées : combien d’établissements n’appliquent pas le règlement intérieur ? Combien d’établissements manquent de personnels spécifiques pour prendre à bras-le-corps ces problématiques : CPE, assistantes sociales, surveillants (AED)… ? Combien de lycées professionnels sont sortis de l’éducation prioritaire ? Tous !
TROP, C’EST TROP !
Des mesures simples s’imposent pour que partout l’École de la République ne soit plus violée chaque jour dans une indifférence coupable en dehors des faits divers tragiques.
C’est un immense défi sur un temps long qui nécessite d’abord que la société toute entière dise non à toutes les violences à l’École.
Chacun doit pouvoir être en sécurité à l’École : élèves, professeurs, personnels éducatifs.
À Toulouse, à Champigny, à Marseille, à Villeneuve-sur-Lot, à Charleville-Mézières, à Béziers aujourd’hui à Créteil, c’est partout que tout le monde doit se mobiliser pour réapprendre à nos jeunes le respect de l’autre, la solidarité, le débat, la tolérance, la laïcité.
Au travers de cette collègue victime, nous pensons à tous nos collègues. Le SNETAA-FO poursuivra ses actions pour les aider, les accompagner, les soutenir et dénoncer les faits que nous subissons et tous ceux qui ont participé à la fragilisation de nos écoles, de nos fondements et de nos valeurs républicaines.
Au SNETAA, nous ne nous contentons pas des discours, nous agissons !
Pascal VIVIER
Secrétaire Général