L’Édito de rentrée, par Pascal VIVIER

Cher·es collègues, 

En cette nouvelle rentrée scolaire, je souhaite à toutes et tous une année professionnelle des plus épanouissantes. D’abord pour les 80 000 personnels de l’enseignement professionnel (tous corps confondus) mais aussi pour les près d’un million d’élèves et d’étudiants (de Segpa jusqu’en STS) portés par notre ambition et notre professionnalisme pour aller au plus loin de leurs capacités. Quelle belle mission ! Cette mission qu’on accomplit encore avec vocation, nous devons d’abord la chérir. Malgré tous les obstacles exécrables. Ce « malgré » qui obère trop souvent notre allant, notre générosité à porter les jeunes qui sont les plus éloignés de tout et – sans émouvoir tous ces prêtres et prêtresses de la bienséance – sont d’abord des jeunes déversés dans nos établissements professionnels par un « système » qui les rejette, les discrimine sans même s’intéresser à leurs envies, leurs ambitions et leurs capacités. Habitués, nous faisions contre fortune bon cœur. Et ce, en retenant au mieux nos colères si ce ne sont nos frustrations voire les atteintes à notre santé mentale et physique de professionnels de l’éducation.

Nicole Belloubet se redécouvre de gauche quand elle n’a, depuis sa nomination, reçu ni les syndicats de PLP ni même eu la volonté de corriger une réforme stupide (aucun sens pour les élèves, aucun changement de direction, aucune ambition pour les PLP dévoués). Lors de sa conférence de presse de rentrée, avec une décontraction et dans un phrasé si spécifiques à cette intelligentsia déconnectée des gens, des provinces (des territoires, comme ils disent), la ministre démissionnaire – profitant de la situation pour faire acte de candidature pour rempiler – a elliptiquement évoqué le troisième round de la réforme du baccalauréat professionnel : « une terminale en Y ». D’ailleurs en s’arrêtant quelques instants, gênée par le non-sens de l’expression. Or… « mal nommer les choses, c’est rajouter aux malheurs du monde »  ! En effet. Il aurait fallu parler de : désorganisation de la terminale bac pro, non-sens chronologique par rapport aux vœux formulés sur Parcoursup, méconnaissance des besoins criants de nos jeunes majoritairement issus de familles défavorisées (qui peut croire qu’un élève s’assiéra sur 600 € en n’allant pas effectuer des semaines de PFMP supplémentaires ?), l’année scolaire avortée quand les programmes devront être clos fin mars (c’est le « bac pro en accéléré »), la désorganisation totale de tous les examens (CAP, BP, bac pro, BTS…) et la gestion des centaines de milliers d’adultes, candidats libres, qu’on gérera comme on le peut. Et si on le peut !

Le coût de cette réforme « cul par-dessus tête », c’est 1 milliard d’euros. Une gabegie ! 1 milliard d’euros jetés, gâchés sans redonner espoir aux jeunes, sans valoriser le dévouement et le professionnalisme extraordinaires des professeurs de lycée professionnel, des CPE et de tous les personnels des établissements professionnels. Les raisons de nos colères sont si nombreuses qu’elles en feraient pâlir Prévert. Alors on va continuer à dénoncer cette réforme et à mener le combat. Pas avec cette hargne qui supplante la raison mais en disant la vérité des prix, les réalités de terrain, la médiocrité de nos salaires non revalorisés, le mépris permanent de gens qui, en lisant ou en écrivant un rapport, sont certains qu’ils connaissent mieux la réalité dans toute sa globalité que nous, professionnels de l’enseignement professionnel.

Le SNETAA est là, avec vous. Pour vous épauler, assurer votre défense, j’ose dire « votre sécurité et votre intégrité », à combattre pour d’autres perspectives malgré les obstacles, malgré celles et ceux qui n’ont comme indice de réalité que leur bulle préservée. Qu’ils se battent entre eux ces vrais nantis, on s’en cogne ! Nous, ce sont de perspectives d’avenir qu’on attend pour les jeunes et pour les professeurs, c’est un vrai espoir énoncé dans un allant mobilisateur, c’est une ambition pour savoir quels citoyens la France veut pour demain. De quels travailleurs, les entreprises auront besoin demain. Que des grossièretés pour tous ces gens !

Notre ambition sera encore de vous représenter réellement pour défendre vos intérêts matériels et moraux, dans une indépendance réelle et totale et nous fabriquer un meilleur avenir que celui qu’ils écrivent tous pour nous et sans nous. Bref, nous serons SNETAA car vous faites le SNETAA ! Personne d’autre.

Je souhaite à chacun et chacune la meilleure rentrée possible.

Belle rentrée !