[PAR TOUTEDUC] LYCÉE PROFESSIONNEL : REPENSER SON INSCRIPTION DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF, EN REPENSER LES FINALITÉS (SNETAA)

Des enseignants qui sont, en cette rentrée, « un peu moins fatigués que les années précédentes, mais sans espoir », et que les déclarations du président sur l’apprentissage ont déjà « mis en colère », c’est le tableau que dresse Pascal Vivier de la situation dans les lycées professionnels. Pour le secrétaire général du SNETAA, le syndicat FO des PLP, l’objectif fixé par Emmanuel Macron d’un million d’apprentis à la fin du quinquennat est « une lubie ». En effet, pour les élèves qui sortent « cabossés » des années collège, l’apprentissage n’est pas une solution, « les entreprises n’en veulent pas ». Le SNETAA a d’ailleurs rejoint l’intersyndicale et il est bien décidé à inscrire son action dans ce cadre pour « un bon bout de temps ».

L’organisation syndicale n’est pas opposée, par principe, à une réforme de la voie professionnelle, encore faudrait-il qu’un constat partagé permette de définir des orientations.

Les lycées professionnels ont perdu 100 000 élèves en 10 ans parce qu’ils apparaissent comme des lieux « de relégation » et parce qu’a manqué une analyse des besoins et des moyens. Premier constat, les élèves ont perdu du temps d’enseignement, notamment avec le passage de 4 à 3 ans pour le baccalauréat professionnel. Les CAP en 3 ans peuvent être une bonne solution pour les jeunes les plus en difficulté, mais faute de moyens, les classes ne sont pas ouvertes. Les formations tertiaires (Agora), qui accueillent souvent des jeunes filles en échec, ne donnent pas accès au marché de l’emploi à moins de bac+2. Encore faudrait-il qu’il y ait des places en BTS ! Les diplômes ne sont pas créés là où apparaissent de nouveaux besoins, il faudrait créer un « CAP grand âge » pour le travail en EHPAD, un diplôme pour toutes les « petites mains » du numérique… France-compétences a enregistré quelque 4 000 nouvelles formations quand l’enseignement professionnel n’en créait aucune. Le SNETAA pose aussi la question de l’inclusion, puisque les trois quarts des lycéens en situation de handicap sont accueillis en LP, où on ne trouve pratiquement pas d’AESH.

L’information selon laquelle le concours de titularisation des contractuels ne s’adresserait qu’au 1er degré a été reçue comme « une insulte » par un secteur qui compte 16 % de non-titulaires. Mais comment recruter des enseignants lorsqu’ils savent qu’ils seront mal payés et qu’ils risquent de se retrouver sur deux établissements situés à 40km l’un de l’autre ? Et pour des « secondes carrières », d’être affectés loin de chez eux. Leur donner, comme on l’a fait pour les enseignants originaires des DROM, un certain nombre de points qui améliore leur position dans le classement des dossiers ? « Ca ne marche plus pour les îliens qui sont nommés à des milliers de kilomètres de leur lieu de résidence, sans espoir de mutation. Il faut trouver autre chose, nous proposons des concours nationaux avec affectation locale. » Sur ce sujet comme sur les cursus proposés aux élèves, le SNETAA reproche à l’administration un manque d’anticipation des besoins.

Mais la réflexion du SNETAA porte surtout sur l’échec scolaire, qui n’est pas une fatalité, comme le prouve l’exemple des enfants ukrainiens accueillis en France et qui auraient souvent deux ans d’avance sur leurs camarades. D’ailleurs, en règle générale, les enseignants des LP sont heureux d’avoir dans leurs classes des élèves allophones, qui sont là pour travailler et qui le font savoir à leurs homologues français lorsqu’ils sont tentés de chahuter. Cette question du niveau et des finalités du système scolaire constitue, pour l’organisation syndicale, un problème de société qui doit donner lieu à un débat national. Que voulons-nous ?

Plutôt qu’à un « socle commun de connaissances », le SNETAA réfléchit à un « socle culturel ». Il ne faut surtout pas casser « le collège pour tous » qui constitue « un creuset » pour la nation, mais ne pas se limiter à « une culture de l’abstraction » de type « petit lycée ». L’EMT, éducation manuelle et technique, aujourd’hui disparue, permettait à chacun d’approcher d’autres formes de travail, cuisine, couture, électricité… Cette culture suppose aussi que les élèves apprennent à se comprendre, à argumenter, à se comporter vis à vis des autres, dans le respect de la laïcité et des valeurs républicaines. Les « gratifications » offertes aux lycéens pour leurs PFMP pourraient d’ailleurs prendre, pour partie, la forme d’une augmentation du pass’culture. La durée de ces périodes de formation en milieu professionnel, 18 à 22 semaines est d’ailleurs suffisante. Il n’y a pas lieu de l’allonger comme le voudrait le chef de l’Etat.

Mais cette redéfinition des objectifs du système éducatif, notamment du collège, ne suffira pas à lutter contre l’échec scolaire et le décrochage. Il faut, dès les années de 4ème – 3ème, développer les classes du type « prépa-pro » qui ne peuvent accueillir que 5 % des élèves quand il faudrait trois fois plus de places. L’objectif doit alors être qu’aucun élève ne sorte du système scolaire sans au moins un CAP.

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