Source le café pédagogique
Carte scolaire du 2d degré : Un tour de passe passe sur les postes
Officiellement, malgré 1800 suppressions de postes à la rentrée 2021, il n’y a pas d’inquiétude à avoir dans le 2d degré. Les heures supplémentaires vont « plus que compenser » les postes supprimés. Rien n’est moins sur. La réalité c’est qu’il y a 4 fois plus de postes supprimés qu’en 2019 et deux fois plus qu’en 2020. Et qu’il y aura des enseignants en moins dans 25 académies avec 43 500 élèves supplémentaires.
25 académies touchées
25 académies perdent des postes à la rentrée 2021 dans le second degré. Lille en perd près de 200 (194), Grenoble 160, Paris et la Normandie environ 150, Montpellier 124 et Bordeaux 104. Même la petite académie de Dijon perd 113 emplois et Besançon 76. Seules les académies de Mayotte (110), Guyane (20) , Lyon et Montpellier gagnent des postes dans le 2d degré.
Le tour de passe passe
« IL y aura une diminution des emplois de 1800 postes », dit-on au ministère, au nom du « rééquilibrage premier et second degrés ». Mais « les moyens seront en réalité renforcés par une compensation en heures supplémentaires allant au delà des 1800 postes », ajoute-il.
La vérité c’est que les heures supplémentaires (HSA) correspondant à 1847 postes budgetées ne seront pas forcément effectuées. C’est notamment ce qu’a relevé le Sénat lors de son examen de la loi de finances au vu de ce qui s’est passé les années précédentes.
Interrogé sur ce point le ministère ne donne pas de chiffres sur la consommation des heures supplémentaires en 2019-2020. « Le rapport du Sénat exprime la réalité », reconnait le ministère. « Mais globalement la hausse est effective de façon nette car 70% des enseignants du 2d degré à temps complet ont pris au moins 2 heures supplémentaires ». L’argument ne dit rie de la consommation réelle des heures supplémentaires. Le ministère a un argument de secours : le recul démographique présent dans le 1er degré va toucher le second à partir de 2023. Il vaudrait mieux éviter les « effets de rigidité » en créant des postes.
Pour cette raison la présentation officielle des moyens par le ministère qui confond postes et moyens d’enseignement nous semble très partiale.
Une nette aggravation de la situation
Vous trouverez sur le tableau ci-dessous à coté des « moyens » affectés (qui comprennent les heures supplémentaires) l’évolution en nombre de postes.
Selon les données officielles on compte 1883 postes supprimés dans les académies. En prenant en compte les moyens attribués en heures supplémentaires, le bilan reste négatif avec 84 « moyens » en moins.
Ces chiffres sont à comparer avec ceux des années précédentes. 1883 postes en moins en 2021, contre 820 moyens en moins en 2020 et 465 en 2019.
Sans vergogne
Dans les académies à forte croissance démographique les suppressions de postes sont certaines, la compensation incertaine. A Créteil le ministère supprime sans vergogne 86 postes et 40 à Versailles. On notera qu’à Créteil les moyens attribués compenseront peut-être à peine les postes supprimés. Lille perd 194 emplois et 90 « moyens » quand Lyon, plus favorisé, en gagne 18 et 100. Mayotte et la Guyane, où la situation scolaire est très mauvaise n’ont pas assez de postes par rapport aux besoins : 110 postes à Mayotte , 20 en Guyane.
Tout cela aura des conséquences dans les établissements. Souvent les heures allouées ne seront pas prises et cela se traduira par des options supprimées et des dédoublement refusés. La prise en compte des heures supplémentaires n’est pas la panacée. Le rendement en 2021 sera plus faible qu’en 2020. Partout cette astuce rend plus compliquée la construction des emplois du temps. Et finalement cela touche le travail des élèves et des enseignants.
Le budget d’austérité qui est imposé dans le second degré est aussi difficilement compatible avec une mise en oeuvre normale de la réforme du lycée. Pour avoir lancé sa réforme du lycée sans avoir sanctuarisé de moyens, JM Blanquer a connu bien des problèmes depuis 2019. Cela risque fort de continuer…