Réaction de la FNEC FP FO Martinique au rapport de la cour des comptes de décembre 2020

                                                      

Il est bien dommage que les rapporteurs de la 3ième chambre de la cour des comptes se soient déplacés en Martinique sans avoir la décence de consulter les organisations syndicales comme cela s’est produit lors de l’enquête de la mission parlementaire composée de députés en 2015.

Nous rappelons que la FNEC FP FO siège aux différentes instances de l’académie Martinique (CTA, CEN, CAPA,  …). A ce titre nous avons notre mot à dire quand il y a enquête parlementaire ou sénatoriale.

Qu’en est -il des rapports établis par les IG (Inspecteurs Généraux) de l’Education nationale, qui nous ont auditionné en Mars 2020, au sujet de la situation de notre système éducatif.

Le rapport de la cour des comptes est publié comme d’habitude quelques jours avant la réunion du CTM (Comité Technique Ministériel) qui réparti les moyens pour la prochaine rentrée 2021. C’est une façon d’annoncer déjà la posture qui pourrait être retenue pour l’académie Martinique en matière de prévision de moyens.

Ce rapport a la particularité de remettre en cause une fois de plus les 40 % acquis de haute lutte par nos aînés. Il pointe également du doigt le dispositif d’éducation prioritaire qui fait l’objet de réticences de la part du gouvernement.

Ce critère de comparaison n’est pas en adéquation avec une recherche objective des vrais raisons relatives aux difficultés de notre système académique.

Le fait de comparer le nombre d’enseignants à la « hors classe » entre la Martinique (28 %) et la métropole (6 %) montre bien le coté tendancieux du rapport de la cour des comptes. En réalité cette différence s’explique en grande partie par l’étroitesse de notre territoire, le nombre plus élevé des titulaires, le nombre moins élevé des contractuels, la pyramide des âges qui révèlent un corps enseignant plus âgé qu’au niveau national dans les secteurs considérés (surtout au primaire).

Si le secteur privé progresse en effectif au détriment du secteur public, c’est la preuve que ce dernier inspire moins de confiance, notamment à cause difficultés croissantes de notre système éducatif notamment au niveau de la sécurité et des conditions de travail.

En indiquant que « les difficultés ou particularités propres au métier d’enseignant dans les académies ultramarines sont insuffisamment prises en compte pour affecter, préparer et former les enseignants », la cour des comptes pointe du doigt une réalité, mais ne propose aucune solution viable. Il est indéniable que c’est localement qu’il faudra régler le problème en passant par des décisions adaptées et acceptées par le gouvernement pour notre territoire.

On peut reprocher à ce rapport de la cour des comptes son analyse trop générale et trop globale, qui passe à côté de la réalité par manque de précisions au niveau de chaque académie. Ce rapport ne fait que s’appuyer sur des données budgétaires relatives aux dépenses globales pour 5 académies différentes avec des chiffres qui datent de 2018. Mayotte et Guyane n’ont absolument pas les mêmes problématiques que nous.

Ce rapport est contradictoire à plusieurs niveaux, par exemple :

  • Comment peut -on reconnaitre que le taux des PCS (Professions et catégories socioprofessionnelles) est plus élevé en Martinique qu’en métropole et mettre en cause l’existence des zones d’éducation prioritaire ?
  • Comment comprendre que l’on pointe du doigt le taux d’encadrement supérieur à celui du national alors qu’en même temps on alerte sur la nécessité de garder les petites structures pour des raisons de transports, pour maintenir une stabilité d’occupation du territoire et que les résultats des évaluations révèlent une situation défavorable à notre territoire dès le primaire ?
  • Dans ce rapport , plusieurs indicateurs indiquent nettement le retard pris par notre système éducatif sur certaines acquisitions primordiales pour la réussite de nos enfants à savoir, la maitrise insuffisantes du français en CP ( taux : Martinique 27,55 % , métropole 21,87 %)  et en CE1  (taux : Martinique 40,33 % , métropole 30,34 %)   , la maitrise du français fragile ou insuffisante à l’entrée en 6ième   (taux : Martinique 25 % , métropole 13,3 %) ,  le pourcentage de jeunes en difficulté de lecture (taux : Martinique 33,9 % , métropole 11,5 %)  , l’illettrisme mesurée lors des JDC (Journée Défense et Citoyenneté) de 2009 et 2015 (en %) :  (en  2009 : Martinique 16,6 % , métropole 5,1 % – en 2015 : Martinique 19,5 % , métropole 4,3 % ) , les difficultés en mathématiques, … (ces chiffres proviennent du rapport de la cour des comptes)

Si nous arrivons à combler ce retard dû à un contexte défavorable, pour atteindre des taux sensiblement égaux aux résultats du DNB et du BAC en métropole, c’est parce qu’un travail est réalisé par nos enseignants et mérite d’être valorisé plutôt que de jeter le discrédit sur les capacités de notre système et son inadaptation liée à une gestion ministérielle rigide et pas toujours à l’écoute des alertes des responsables locaux et des organisations syndicales.

Il faudrait s’attarder davantage sur les taux d’accès et de réussite au CAP (taux d’accès pour la Martinique : 65,5 et pour la métropole : 73,1 ; taux de réussite pour la Martinique : 78,2 et pour la métropole : 84,7) qui révèlent une difficulté à résoudre certains problèmes d’échec comme le décrochage.

L’académie Martinique a certainement des efforts à effectuer en matière d’analyse et de mise en place de solutions adaptées à notre système éducatif. La FNEC FP FO Martinique le répète depuis de nombreuses années. Cela passe par une réflexion profonde et commune avec l’ensemble de tous les partenaires du système éducatif. L’organisation d’assises de l’éducation nationale au niveau de la Martinique est un levier de base important, mais d’autres pistes doivent être également explorées.

En conclusion, loin de se focaliser sur une évaluation centrée principalement autour des dépenses budgétaires liées aux primes de vie chère, la cour des comptes devrait orienter son analyse sur la nécessité de permettre une adaptation propre à chaque territoire. L’analyse globale n’est pas suffisante.

Le côté financier reste encore une priorité pour ce rapport publié en amont du prochain Comité Technique Ministériel. La FNEC FP FO Martinique craint qu’il soit utilisé pour justifier une politique de suppression systématique basée sur des comparaisons pas toujours adaptées avec la métropole et des critères qui nous défavorisent.

Jocelyn PRESENT

Secrétaire Académique de la FNEC FP FO Martinique

Secrétaire Académique du SNETAA FO Martinique

Extrait du rapport de la cour des comptes

 

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